Waterwitch, d'Alex Bell

Éditions : Chat Noir
Collection : Cheshire
Autrice : Alex Bell 
Couverture : /
Parution : 20 février 2019


Résumé :
Certaines malédictions deviennent de plus en plus puissantes avec le temps…

Suite à un accident, Emma a perdu l’usage de ses jambes. Sept ans plus tard, l’adolescente revient en Cornouailles, sur les lieux du drame : l’auberge familiale du Waterwitch, gérée par sa grand-mère mourante. Ce bâtiment a été construit avec le bois d’une épave, celle d’un navire au passé trouble, maudit raconte la légende.
Parmi les sombres secrets qui hantent l’auberge se cachent des fantômes du passé.
Et l’un d’eux est particulièrement en colère.


AVIS  :   

Déjà, la couverture est magnifique. Elle retranscrit parfaitement le roman et une fois le livre fermé, les symboles sont reconnaissables. ♥

Waterwitch est une auberge construite avec le bois d’une épave maudite à son époque. Dans le présent, Emma revient, sept ans après son accident, voir sa grand-mère. Il paraît que d’étranges choses se passent dans l’auberge que tenait sa grand-mère. Qu’est-ce qui se cache entre ces murs ? Alors qu’elle se pose des questions sur cette auberge, elle fait à nouveau la rencontre de son meilleur ami d’enfance et de sa sœur.

Le roman a plusieurs voix : Emma, Jem et Shell. Je ne m’y attendais pas et je dois dire que le choix est vraiment judicieux. Les trois points de vue, nous font poser des questions sur cette auberge et tous les évènements d’à côté. Nous sommes dans leurs pensées, leurs sentiments. Les visions différentes sur les situations renforcent en profondeur l’intrigue. Au-delà de l’auberge hanté, le côté psychologique des personnages est mis en avant, complète l’histoire et la renforce. L’histoire principale de cette énigmatique auberge se développe au fur et à mesure. Nous découvrons dans un rythme constant la mise en place des personnages et un début d’intrigue en « première partie » puis dans un second temps un rythme frénétique en toute la globalité du roman : le passé et le présent des protagonistes ainsi que de l’histoire de cette épave dont la légende qui l’entoure. 

Emma est une jeune femme servant de point de départ et d’ancrage à mes yeux. C’est un personnage qui s’accepte telle qu’elle est et se pose des questions sur l’auberge jusqu’à découvrir pourquoi les lumières s’allument la nuit. Son handicap n’est pas un frein, même si elle se sent impuissante dans certaines circonstances. Ce qui la caractérise vraiment est la compréhension dont elle fait preuve et l’oreille attentive qu’elle est. Elle a le cœur sur la main, ça ne l’empêche pas de se poser des questions sur la santé mentale de ses amis (je dois dire que c’est logique dans leur situation). 

Jem est un jeune homme qui est protecteur envers sa petite sœur, Shell. Ses flashbacks nous aide à comprendre leur histoire, ce qui l’a forgée en grandissant dans ce monde violent. J’étais attristée par leur histoire, par ce qu’il leur est arrivé. La psychologie des conséquences indirectes ou directes des violences conjugales est bien présente. 
Étant dans une situation avec sa sœur pas favorable, il va au bord de ses limites. Il est un peu dépassé par certains évènements récents et se questionne sur d’autres. Il est déterminé à protéger sa sœur, on a même l’impression qu’il ne vit pas pour lui parfois et subit (regard noir sur son patron) qu’il en devient blasé. Jem est résolu de sa situation. De même qu’il est persévérant et déterminé tout en étant parfois hésitant.  

Shell est vraiment la révélation de ce roman. Voyant qu’une jeune adolescente immature au début, elle se révèle en s’affirmant et prouve sa maturité au fil des pages. Elle passe d’une petite terrorisée ayant peur de ce qu’elle voit et traumatisée par ce qu’elle a vécu à une personne qui s’interroge et va « analyser » pour comprendre. L’écriture de son point de vue évolue en fonction d’elle. J’ai adoré ! Shell va être secouée par ce qui se passe, dépassée par les évènements, déterminée également et curieuse du passé. 

Un point embêtant pour moi, c’est que les personnages ne sont pas assez approfondis. Cependant, ils sont assez travaillés tout de même et cela suffit à l’histoire. Un point positif : l’amitié entre ces trois-là. 

Toute l’intrigue concerne l’auberge hantée et tout ce qui se passe autour. Qu’est-ce qu’elle cache ? Est-elle vraiment hantée ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que le bateau Waterwitch soit maudit ? 
Le roman n’est pas horrifique à mes yeux. Enfin, je pense que je m’attendais à plus d’horreur. Néanmoins, après un temps de découverte et que nous rentrons dans le vif du sujet, des tensions montaient, des inquiétudes s’accentuaient pour les personnages. J’insiste vraiment sur une mise en place des personnages et un début d’intrigue tout en douceur dans un premier temps, pour finir en crescendo sur cette histoire fantastique. Nous avons les réponses à nos questions, nous apprenons au compte-goutte pour finir sur une masse d’informations captivantes. Nous nous interrogeons sur certaines scènes, essayant de deviner ce qui se passe pour découvrir l’ampleur de cet être hanté. N’empêche, la violence est présente que ça soit psychologique et/ou physique, elle est descriptive surtout sur un pan d’un évènement antérieur (tellement que j’ai eu une grimace de dégoût et je me suis dit tout ça pour une histoire de *** et de ********* (nan je ne spoile pas)). J’étais 😡😡. 

Le roman parle également des croyances dans notre monde contemporain, il y a des personnes terre à terre ou d’autres croient en quelque chose. Il « exploite » sur le fait de notre manière de rationaliser des évènements et également nous interroge sur les personnes soutenant leur proche sur des capacités ou des hallucinations (tout dépend du point de vue).  


Waterwitch est une bonne découverte. Je l’ai lu d’une traite. Avoir des chapitres courts et rapides, le roman devient entraînant et se développe au fur et à mesure de manière maîtrisée. L’histoire des protagonistes se développe petit à petit ainsi que leurs psychologies. L’intrigue s’enchaîne jusqu’à ne pas laisser de répit. C’est pour moi une lecture tranquille s’orientant sur une deuxième partie plus addictive. 

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