Ce qu'il n'est pas, tome 1 de Bingo Morihashi

Éditions : Akata
Collection :  Young Novel
Auteur : Bingo Morihashi
Couverture : /
Parution : 9 mai 2019
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Résumé :
Shirô, fatigué de vivre entouré de ses sœurs et de sa mère, a décidé de finir ses études en internat, loin de Tokyo ! C’est donc très enthousiaste qu’il part à Hiroshima, pour vivre ses années lycée dans l’indépendance et l’insouciance. Pourtant, ce nouveau quotidien lui réserve une surprise de taille : Mirai, son colocataire, se révèle être un homme transgenre. Mis dans la confidence, Shirô devra l’aider à protéger son secret, tout en menant de front révisions, vie amoureuse et petit boulot…


AVIS 

J’avais hâte de commencer cette saga, dĂ©jĂ  parce que ça parle de transidentitĂ© (je ne connais pas si bien le sujet) et que le roman est du point de vue d’un cisgenre. Ce livre est avant tout un livre dĂ©tente, mĂŞme s’il y a des situations qui nous font sortir de nos gonds, ou bien qui vont nous faire plus ressentir certaines Ă©motions que d’autres, j’ai trouvĂ© que c’est un roman dĂ©tente/tranquille. 

ShirĂ´ est un jeune garçon quittant le noyau familial pour aller dans lycĂ©e faisant internat Ă  Hiroshima (loin de chez lui). Il sera dans une colocation « particulière Â» avec Mirai. Entre nous il vaut mieux qu’il quitte cette famille. Depuis il est traumatisĂ© par les femmes, ses sĹ“urs sont tyranniques, sa mère ne fait rien, en plus son père est absent et il se voit deux fois par an. Autant dire qu’il n’a pas de soutien familial et pour lui c’est une bouĂ©e d’air frais d’aller dans ce lycĂ©e.

Ce roman parle de la vie de lycĂ©e, de pensionnat ainsi que du relationnel et des nouvelles amitiĂ©s. Les thĂ©matiques abordĂ©es, outre la transidentitĂ©, sont subtiles ou plus visibles comme la maltraitance infantile, l’abandon, le conformisme, l’identitĂ©. Des questionnements sur l’amour, qu’est-ce que l’amour vĂ©ritablement ? Aime-t-on un homme parce qu’il est homme ? Aime-t-on une femme parce qu’elle est femme ? ShirĂ´ va se questionner, nous pourrons lire ses logiques, ses conclusions ou sur ce qu’il a appris (sexe fĂ©minin = femme) … nous voyons son Ă©volution de pensĂ©e, tout Ă  fait lĂ©gitime quand on ne connaĂ®t pas le sujet et qu’on aimerait en savoir plus.

Matsunaga ShirĂ´ est un jeune garçon attachant. Loin de sa famille, et auprès de Mirai et Hiromi ❤, il va commencer Ă  se rĂ©vĂ©ler petit Ă  petit. Parallèlement Ă  son combat intĂ©rieur pour palier sa « peur Â» envers les femmes, on le voit gagner son indĂ©pendance pour ses idĂ©es ou celles des autres, accepter autrui tel qu’il est, ou encore s’affirmer de page en page.  Son Ă©volution est ce qui est le plus voyant. Un ĂŞtre introverti, qui s’ouvre aux autres et s’exprime, en plus de sa capacitĂ© Ă  se connaĂ®tre. Chapeau Ă  son âge. Cela ne va pas l’empĂŞcher d’évoluer hein ! Ce qui m’a vraiment sautĂ© aux yeux, ce sont ses hĂ©sitations, son tâtonnement, le fait qu’il tente l’expĂ©rience tout de mĂŞme, qu’il arrive Ă  savoir ce qu’il ressent ou Ă  comprendre une situation.

Oda Mirai m’énerve un peu au dĂ©part. On sait que sa situation est difficile, il est souvent sur l’offensive et la dĂ©fensive. Mais au dĂ©but comment il parle Ă  ShirĂ´, qui est lui en retrait et a du mal sur certains aspects comme parler aux filles/femmes, Mirai le dĂ©nigre, le rabaisse. Un petit air de condescendance, un petit couillon quoi… Une sorte de mĂ©canisme de dĂ©fense ? 🤔 C’est comme cela que je l’ai ressenti mĂŞme si vers la fin c’est plus sur le ton de la plaisanterie. Il connaĂ®t certaines choses mais il n’hĂ©site pas Ă  faire parler. Le coup de la « salle de bain Â» je l’ai en travers, on dirait du style « Ĺ“il pour Ĺ“il Â», « dent pour dent Â». Ses rĂ©actions sont comprĂ©hensibles, mais ne devrait-il pas comprendre au grĂ© de sa situation ? Après, c’est un ĂŞtre humain et de surcroit un adolescent. =P En mĂŞme temps, il est solidaire et intrusif. Son mal-ĂŞtre est ressenti souvent, ainsi que ses difficultĂ©s nous permettent de voir le parcours qu’il faut faire pour s’affirmer et s’accepter.

Leur relation se solidifie au fil des pages, s’acceptant tels qu’ils sont, nous montrant la construction d’une belle amitié ayant des hauts et des bas.

Plus en profondeur et quand on y prĂŞte attention (ShirĂ´ fait des remarques), nous voyons les mots ou les expressions qui peuvent blesser. Par extension, les normes sociĂ©tales, les habitudes langagières tels que des stĂ©rĂ©otypes, les comportements en fonction du genre, contribuent Ă  la rĂ©flexion du roman. Cela peut vous paraĂ®tre beaucoup mais, il ne faut pas vous inquiĂ©ter, « Ce qu’il n’est pas Â» est un roman très fluide. Racontant la vie de ShirĂ´, parcourir les pages pour dĂ©couvrir ses rĂ©flexions, l’amitiĂ©, d’une prise de conscience sur des thĂ©matiques spĂ©cifiques… De plus c’est très facile Ă  lire, comme si nous Ă©tions dans un cocon… certes avec des personnages qu’on a envie de pulvĂ©riser (comme les sĹ“urs ou le père…).   
J’ai pris un grand plaisir à découvrir ces pages, malgré que Mirai me sortait par les yeux au début. Ce premier tome pose les bases d’analyse, de questionnement ainsi que de l’adolescence et de cette indépendance. J’ai souvent souri face à des situations. Certaines m’exaspéraient ou m’énervaient. J’avais tellement envie d’être à leur côté, ou juste une personne qui les observait au loin en les encourageant dans leur voie. L’écriture fluide et subtile nous fait plonger directement dans le roman. Vivement le tome 2 à cause de cette fin (je ne voulais pas les quitter) et cette frustration ! xD
Et puis, les descriptions m'ont donnĂ© envie de visiter Hiroshima et de dĂ©couvrir et dĂ©guster les spĂ©cialitĂ©s culinaires ! 



Ce roman parle des expériences de vie, de cette nouveauté que le lycée nous donne, de l’adolescence et des questions complexes sur notre identité, le genre et le sexe. Les personnages sont attachants rendant plaisir à découvrir chaque page, chaque évènement, chaque questionnement, chaque imprévu… L’histoire n’est aucunement compliquée, j’ai pris plaisir à suivre Shirô et ses aventures, ainsi ses questionnements/analyses sur la découverte du monde de lycéen, d’identité, de relation, d’apparence de société. C’est frais, léger tout en abordant des sujets complexes avec justesse.

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