Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor


Editions : Actusf 
Collection : Perles d'Épices
Autrice : Nnedi Okorafor
Couverture : Travis Davids
Parution : Octobre 2017
Coup de cœur !!

Résumé :
Dans une Afrique post-apocalyptique, la guerre continue de faire rage. Enfant du viol, rejetée par les siens du fait de sa peau et ses cheveux couleur de sable, Onyesonwu porte en elle autant de colère que d’espoir. Seule sa mère ne semble pas étonnée lorsqu’elle se met à développer les prémices d’une magie unique et puissante.

Lors de l’un de ses voyages dans le monde des esprits, elle se rend compte qu’une terrible force cherche à lui nuire. Pour en triompher, elle devra affronter son destin, sa nature, la tradition et comprendre enfin le nom que sa mère lui a donné : Qui a peur de la mort.

Lauréat du World Fantasy Award et du Prix Imaginales, Qui a peur de la mort ? est actuellement en cours d’adaptation pour HBO.

« Loyale et héroïque, Onyesonwu n’en est pas moins impétueuse et en colère. C’est un personnage féminin complexe, puissant et imparfait. » Nnedi OKORAFOR

AVIS  :

J’avais vu le résumé au détour d’internet et à l’occasion des Imaginales, je n’ai pas hésité à lire ce roman après l’avoir eu pour Noyel. ♥

C’est un livre vibrant, subtil dans son histoire mais surtout par son héroïne, Onyesonwu, dit Onye. Dès la première phrase, j’ai été happée par son histoire. Elle raconte sa vie, son passé jusqu’au moment où elle est en arrivée là. Vous allez lire sa vie, ses pensées, ses sentiments, ses émotions, elle, tout simplement face à son peuple, l’Histoire de son peuple.

Onye, est une ewu, enfant du viol. Elle est cataloguée et mise de côté, dès sa naissance, à cause de sa couleur de peau. Dans un monde post-apocalyptique, dans une Afrique ravagée, Onye va devoir trouver sa voie face au destin, à sa condition, à sa nature et découvrir la vérité pendant qu’une force mystérieuse veut la détruire.

Onyesonwu est indomptable, fière, impulsive et en même temps courageuse. Libre alors qu’elle n’est qu’une femme, libre personnalité face à ceux/celles qui veulent la faire taire. Onye est une jeune femme qui en chemin va se trouver, découvrir la vérité sur sa naissance, aller au-delà des préjugés et des stéréotypés pour s’affirmer, faire des erreurs dans son impulsivité et son tempérament. Elle est « intrépide », têtue avec une rage en elle. C’est vraiment compréhensible avec tout ce qu’elle subit, ce qu’elle découvre alors qu’elle doit triompher. Une identité « fragilisant » s’affirmant à chaque page. Et une histoire d’amour très belle avec tant de complicité, qui n’empêche pas entre les deux concernés, deux modes de pensées concernant Femme/Homme.

Des personnages secondaires plus ou moins importants qui vont lui apprendre beaucoup. Iels vont entourer notre héroïne. Toute personnalité : mystérieuse, conne (oops), secrète comme les représentations chamaniques, répugnante et pour d’autres, je n’appréciais guère au premier abord puis au fur et à mesure, j’ai changé d’avis. Des personnages contraires et d’autres contradictoires, rattachés à la société patriarcale, traditionnelle devant des personnes plus libres que les normes sociales, les mœurs. La condition des femmes est exploitée à chaque page, à chaque génération, à chaque peuple, à chaque mouvement de pensée. J’avais entendu parler du roman et en lisant la 4e de couverture, on ne sait pas vraiment dans quoi on s’embarque. Onyesonwu nous raconte son histoire, sa vie en nous abreuvant de cet air mystique, un brin fantasmagorique. C’est un monde entouré d’une aura spirituelle, et on le ressent en lisant. Je ne sais pas comment expliquer, l’autrice a su nous faire « vivre » cette sensation. Une dualité entre croyance et non croyance, de différents types de religion.
Je n’ai pas envie de dévoiler les autres personnages surtout proche d’elle. C’est surprise !

Un récit qui a son rythme bien à lui, se berçant dans l’âge, le caractère d’Onye. Un récit menant une quête de liberté et de vérité faisant face au destin. Une mythologie bien travaillée, timbrée de tradition et de modernité. J’avais l’impression d’être dans un autre espace-temps, que ça soit dans mon monde et en même temps que ce n’est pas mon environnement. Un récit sonnant réaliste, avec sa souffrance, ses sacrifices de soi et les liens relationnels (amicaux, amoureux, parentés, destructeurs…). Ça le fait souvent quand on lit du post-apocalypse.

J’avais une rage envers la description, les pensées sur la condition des femmes. L’autrice dénonce ces pratiques, barbares parfois. Un livre parlant du contrôle de la sexualité féminine, de la répugnance d’être femme avec deux pensées bien différentes, celles qui sont soulagées et celles qui veulent profiter et aimant le sexe. Et c’te violence aussi ! J’enrageais face à cette injustice, cette condition des femmes, ces mots qui conditionnent les femmes et les hommes sur leur statut. Dans le monde ça existe, tout le monde le sait mais on ne peut pas s’imaginer l’horreur de certaine pratique pour cause de culture ou de tradition. Un roman tout en finesse touchant le sujet femme/homme.

Le rythme est assez assuré avec néanmoins quelques longueurs essentiellement dans une partie. Le livre est divisé en plusieurs parties en fonction de l’âge mais surtout des étapes et des évènements. Ce qui fait qu’elles correspondent à certaine phase de la vie d’Onye. « Qui a peur de la mort ? » aborde beaucoup de thèmes, en plus de la condition de la femme, en plus de tout ce qui est attrait à la culture et aux normes sociales, il met avant tout un relationnel humain (vivant) qui est conforme à la vie en général. Le style d’écriture est entraînante, en tout cas la traduction comme je l’ai lu en VF. L’autrice dans son style a mis des mots ciblés, des scènes détaillées sans pour autant aller trop loin.
La différence permet-elle de changer les gens ? En tout cas, sans elle, tout serait terne. Peut-être qu’un jour on arrêtera le mot « norme » et « différence ».


Nnedi Okorafor nous décrit un monde où les traditions perdurent, où les personnes sont cloisonnées ailleurs si elles sont différentes de normes. L’autrice se sert de la réalité pour créer son monde et le pimente avec du mysticisme, ce brin croyance, magique qui donne cet air enchanteur, féérique malgré tout et mystérieux. Un post-apocalypse fantasy que j’ai adoré lire du début à la fin même avec ses longueurs. Un gros coup de cœur ! Je ne peux pas fermer ce roman sans m’empêcher d’esquisser un sourire. Une femme forcée d’embrasser sa nature et sa destinée, un récit qui nous raconte son évolution face aux caprices des évènements avec un corps meurtri à chaque pas. Fiouuu, j’ai tout simplement adoré. ♥

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