Wilder Girls, de Rory Power



Éditions : Robert Laffont
Collection :  Collection R
Autrice : Rory Power
Couverture : Aykut Aydoğdu
Parution : 13 Février 2020


Résumé :
Une île sauvage, trois amies inséparables, une descente aux enfers.
Voilà bientôt dix-huit mois qu'un mal inconnu, la Tox, a frappé l'île Raxter. Dix-huit mois que le pensionnat pour jeunes filles qui en occupe la pointe a été mis sous quarantaine.
D'abord, la Tox a tué les enseignantes, une à une, puis elle a infecté les élèves, dont les survivantes portent désormais ses monstrueux stigmates dans leur chair.
Coupées du reste du monde, cernées par les bêtes mutantes qui rôdent dans les bois alentour et livrées à elles-mêmes, celles qui restent n'osent plus sortir de l'enceinte de l'école. Jour après jour, elles attendent le vaccin que le gouvernement leur a promis.
Hetty et ses deux meilleures amies, Byatt et Reese, se serrent les coudes malgré les privations, bien déterminées à lutter ensemble jusqu'au bout...
Plus glaçant encore que Sa Majesté des mouches, un huis clos féminin et féministe qui a fait frissonner l'Amérique de plaisir !


AVIS  

Cet univers se passe dans un pensionnat pour filles sur une île. Cette dernière qui était florissante se voit coupée du monde car elle est envahie par une sorte de virus surnommé la Tox. Hetty fait partie des survivantes dans un endroit où les règles ont changé depuis que la Tox est présente et a pris possession de tout. Comment toutes ces jeunes filles, ces jeunes femmes et ces femmes peuvent s’en sortir ? Et bon sang, qu’est-ce qu’est la Tox véritablement ?

Nous rentrons dans un univers où le virus est déjà installé. Dès les premiers instants, même si c’était intéressant, j’ai eu beaucoup de mal avec l’écriture, un brin haché, coupé, ressemblant à mettre un effet haletant, limite animal avec brutalité, quelque chose de primaire. C’était un peu comme s’il y avait un problème de respiration. Je pense que c’est fait exprès avec le sujet du récit et la « violence » des scènes, néanmoins ça m’a soûlé jusqu’à que je m’habitue. C’était trop coupé et le rythme a eu des difficultés à se mettre en place.

Nous suivons Hetty et de temps en temps une autre personne (quelle surprise !). Le roman regroupe tout un tas de personnage féminin, certaines sont plus mis en avant que d’autres évidemment. Il n’y a quasiment pas de personnages masculins qui n’ont pas vraiment d’intérêt d’ailleurs, ce qui change par rapport à d’habitude. Laissons place à toute une panoplie de caractères, des jeunes femmes qui s’affirment dont certaines n’ont pas peur de leur personnalité. Remarquez que le contexte s’y prête.

C’est un univers qui m’a plu dans le sens où la solidarité ne vient pas en priorité. C’est un monde plus primitif, instinctif qui est synonyme de survie. Les alliances et les amitiés sont chamboulées. Est-ce que ça va tenir ? Les émotions, qu’on peut qualifier d’humaines sont mises à rudes épreuves. Le doute, les secrets et les relations sont mis en avant sur cette île isolée. Qu’est-ce qui se passe réellement sur cette île ? Les indices sont donnés avec parcimonie, nous les avons avec Hetty, dont les neurones se connectent mal. Pourquoi les filles meurent au fur et à mesure ? Qu’est-ce c’est réellement cette Tox ? Ce virus qui change les personnes en quelque chose d’autre. Pourquoi ce système ? Pourquoi cette survie ? Quel est le lien avec la Marine ? Un univers dur et impitoyable où les relations peuvent s’effriter à la moindre occasion. Le mystère derrière la Tox et derrière ce système nous interpelle tout au long du roman. Constamment ! Et je râlais comme pas possible car les réponses ne venaient pas rapidement.

L’univers se décrit à partir des pensées des personnages et des dialogues. J’aime beaucoup ce concept spécialement pour les flashbacks. Les descriptions ou les dialogues sont sur des dires. On lit entre les lignes. C’est souvent à l’état brut, de manières brutales et sans chichi. La réalité n’est pas enjolivée. Je dois dire que je ne m’attendais absolument pas à cette histoire et à toute cette brutalité presque primitive si je peux dire. Certaines choses m’ont dérangé car je voyais plus un monde solidaire avant le début de ma lecture. J’ai pris plaisir à découvrir des personnages féminins, spécialement des jeunes femmes, qui montrent leur côté violent et ne s’en cachent pas. Cela change de beaucoup de romans, notamment dans les Young-Adults.
Pourtant, il y a de la naïveté à l’état pur. Ce roman peut montrer que le déni est omniprésent, que les gens ne réfléchissent pas et que les amitiés sont peut-être les seules choses qui restent dans le monde. Cela montre aussi que quand les personnes ne sont pas concernées directement rien ne bouge. Un roman très actuel (mars 2020, Covid-19) à ma lecture.
Il y a un contraste, une dualité entre la réalité de cette île, les personnalités et le fourvoiement : le côté violent/douceur, ce côté de chacun pour soi, ce manque de solidarité et seuls les liens permettent de survivre ou de se raccrocher à quelque chose.
L’intrigue se développe petit à petit, tout tourne autour de la Tox, des souvenirs avant la Tox (qui nous permet de comprendre les personnages) et après cet évènement. De même, l’intrigue est tout de même simple mais très agréable.


Les personnalités évoluent comme la Tox, tout est lié. Les personnages tanguent avec la Tox, rognent et explosent avec elle. Hetty, ce personnage principal est celui qui a le plus évolué. Même si je n’ai pas totalement accroché à ce personnage, elle est intéressante dans son évolution (malgré le fait qu’on ait envie de la secouer car elle a peur de la vérité et fait l’autruche). Au départ, Hetty est dans un mécanisme de défense quand elle veut se rassurer, qui plonge volontiers dans le conformisme et qui a un certain besoin de reconnaissance. Puis, après elle murit et commence vraiment à ouvrir les yeux (même si on a toujours envie de la secouer). Hetty va changer en voyant la réalité et en étant pas dans le déni. Quand elle va commencer à se poser des questions et ne pas suivre la meute aveuglément, tout commence à changer et le roman devient intéressant, dit-elle le sourire carnassier aux lèvres. Ouais, vous comprenez je voulais comprendre la vérité. Les pensées de plusieurs personnages qu’on distingue par les dialogues sont souvent stéréotypés et assez chelous. Mais Betty et Reese sont les plus réalistes. Ça compense avec Hetty. Trois personnalités distinctes et une amitié mise à rude épreuve magnifique (même si un peu perturbé sur les bords et encore je suis gentille), une histoire d’amour qui se développe et renforce le roman ainsi que les personnages. Les évènements vont faire affirmer et obliger les personnes à faire face et prendre conscience pour le bien de lecteurices ! C’est vraiment appréciable.

C’est un univers qui habitue les personnages dans une certaine ambiance, dans des comportements qu’on qualifie de « primitif », où les questionnements et les raisonnements en sont guères présents (des meurtres se perdent), où les émotions sont sur un mode instinctif, qui se construit sur un système de survie. Des personnages qui évoluent sous nos yeux pour notre plus grand plaisir et qui nous fait découvrir la vérité derrière cette situation. J’ai passé un agréable moment avec l’histoire qui est bien construite et la psychologie des personnages. Néanmoins, le début est très lent avec une Hetty qui fait l’autruche et toutes les personnes qui ne se questionnent pas. Ce n’est pas un roman où la solidarité règne en maître, c’est construit sur un thème précis et doucement. Nous n’avons pas toutes les réponses mais j’ai eu tout de même un plaisir à lire cette fin.

PS : La couverture est absolument sublime ! Elle attire directement l’œil et nous donne envie de plonger dans le roman.

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